Pour clôturer la saison culturelle commencée en juin par un concert, poursuivie lors de la riche semaine du patrimoine en septembre, l'association "Autour de la collégiale", avait, comme chaque année, convié un conteur à la cave de Gué Luneau, à Bueil-en-Touraine.
À l'arrivée des spectateurs sur le site, après le passage à la billetterie, bernache et châtaignes grillées étaient offertes au public.
À 20 h 30, tout le monde pénétra à l'intérieur de la cave et s'installa pour écouter Jérôme Aubineau, le conteur, accompagné à la guitare par Basile Gahon, dans le spectacle "Sweet tracteur".
Avec la mère Misère, pauvre femme seule, en adoration devant son flacon de Monsieur Propre à qui elle répète sans arrêt "Tu es beau, tu es fort, tu es musclé, mais tu n'es pas pour moi", l'accent est mis sur l'exclusion. Mais, avec l'arrivée d'Abel le Rebelle, c'est le rappeur de banlieue rurale qui rend cette histoire comme les suivantes d'ailleurs, très contemporaine.
Un autre moment drôle et émouvant fut celui qui mit en scène le bébé Thomas bien au chaud dans le ventre de sa mère et qui ne souhaitait pas en sortir par crainte de rencontrer son père et de ne pas être à la hauteur. Puis, en grandissant, l'enfant vouait une adoration à son géniteur qu'il voulait imiter en tout et surtout, conduire la moissonneuse-batteuse. Mais, ça, c'est un autre spectacle et nous n'avons pas eu la suite...
Avec Jérôme Aubineau, les contes qui ont bercé notre enfance n'étaient pas très loin et ressurgissaient régulièrement mais bien remaniés.
Avec Thérèse de Lisier, comme la surnommaient les gens, et ses trois activités, PDG (productrice de gorets), couturière très habile et guérisseuse avec diverses aiguilles et son fils Désiré, Jérôme Aubineau revisita l'histoire de Cendrillon. La citrouille devient moto, la belle robe un blouson noir et la pantoufle de vair, des baskets lumineuses. À 5 h, la magie cessa et le prince Désiré perdit sa chaussure en partant en courant mais, tout comme Cendrillon, il trouvera l'amour.
Le Petit Chaperon Rouge ne fut pas oublié. Cette personne, a affirmé le conteur, est encore bien vivante et demeure près de chez lui, dans la forêt de Mervent. Sa petite fille, Marinette, surnommée le Chaperon Bleu, aimerait bien être aussi célèbre que sa grand-mère et pour cela, elle va inventer un stratagème pour que le loup du zoo voisin, soit libéré et aille dévorer la grand-mère à qui elle doit apporter trois pelotes de laine. En définitive, le loup profita pleinement de sa liberté grâce à la mobylette du gardien qu'il avait dérobée, la grand-mère se retrouva enfermée dans la cage et Marinette devint célèbre car les journaux locaux parlèrent beaucoup de son aventure.
Autre conte revisité, celui des trois petits cochons, avec trois poulettes coquettes qui n'avaient plus de parents et erraient dans la forêt de....Mervent. Pour se mettre à l'abri du loup, il fallut qu'elles construisent des maisons : la paille pour la noire, le bois pour la rouge et, pour la petite blanche, la rencontre avec un coq, entrepreneur de maçonnerie, qui lui promet un palais si elle lui pond un œuf. Et, comme dans le conte bien connu, le loup mangea les deux premières poulettes mais se fit prendre par la troisième qui se débarrassa de lui et libéra ses deux amies encore vivantes dans le ventre du prédateur.
Tout au long de la soirée, entre paroles, chansons, mimiques, pas de danses et accords musicaux, le public communia avec les artistes qui s'accordèrent parfaitement durant tout spectacle et montrèrent la complicité qui les animait. Un seul mot d'ordre : "Cric...crac !" maintes fois répété et le public était subjugué. La salle jouait le jeu et participait au-delà de toute attente. Les rires et les applaudissements fusaient de toutes parts. Lorsque le spectacle cessa, les applaudissements redoublèrent. Et, c'est le sourire aux lèvres, que chacun quitta la cave, heureux de cette soirée de détente offerte par "Autour de la collégiale". Quant au conteur que je gratifiais d'un "bravo" sincère en sortant, il me répondit : "J'adore quand je sens de bonnes ondes au premier rang !"
De ce conteur, on retiendra le naturel et la facilité avec laquelle il entraîne le public dans son univers fabuleux. Tout le monde se laisse prendre au piège avec le plus grand des plaisirs.